Rendez-vous
avec Simonetta Greggio

Une rencontre dans le cadre du cycle des « Conversations d’Agnès », événement culturel depuis 2016 à l’Hôtel de Paris Saint-Tropez.

Saint-Tropez, le 7 août 2024 

HOMMAGE À BARDOT

BARDOT par GREGGIO : Je t’aime, moi non plus.

Elle a voulu coller au plus près de son sujet, elle a voulu humer le même air qu’elle, les mêmes embruns, se noyer dans les mêmes couchers de soleil flamboyants qui irisent le ciel tropézien, elle a voulu se rapprocher de son âme, de sa maison, de son corps adulé aujourd’hui dans la vérité de son âge, elle a voulu dormir à côté d’elle, allant jusqu’à s’installer à la nuit tombée sur l’embarcadère du Club de Voile qui plonge dans la baie des Canebiers, à deux pas de la Madrague, où elle s’allongeait avec Pépète, sa chienne, à ses côtés laissant son corps d’écrivain se reposer avant d’accueillir le lendemain les lignes qui viendraient.

Elle, c’est Simonetta Greggio, une femme italienne dans un corps d’écrivain français. Une femme-femelle, instinctive, spirituelle, connectée à la nature, aux animaux, à l’écriture, une qui ne lésine pas sur le sujet quand elle s’en empare. Son sujet : Brigitte Bardot. Un sujet totémique, à savoir intouchable. Surtout quand l’écrivain décide de la faire parler, devenir elle, exercer son « oreille musicale » et adopter sa diction si particulière, sa radicalité, son humour, ses excès langagiers, sa sincérité. Car Bardot, c’est la vérité. La sienne d’abord. Et pas seulement celle de Clouzot, film dans lequel elle excelle mais la vérité incarnée, y compris dans les mensonges ou les non-dits quand elle décide plutôt que d’expliquer de continuer sa route. Sa route amoureuse mais aussi sa route, sa destinée.

Une destinée exceptionnelle qui atteindra son apogée le 28 septembre prochain, jour du 90ème anniversaire de la recluse de la Madrague. Une recluse dont l’âme flotte sur Saint-Tropez. Une recluse qui déclare : « Mon isolement c’est un choix. C’est un luxe. Et ça a toujours été mon rêve ».

Don’t act, Bardot est Bardot. Et Greggio est Greggio. De cette rencontre, qui démarre par une série de lettres déposées aux pieds de sa Belle et restée sans réponse, est né un livre. Un livre dans lequel l’auteur imagine les réponses de Bardot, réponses vivantes, réponses amusées, acides parfois dans lesquelles elle retrace sa vie, ses amours, ses films, ses combats, son Saint-Tropez et bien évidemment ses animaux. Son horreur de la mort aussi, celle de ses bêtes qu’elle pleure au quotidien, celle de ses amis, qui dépeuplent son monde, celle d’un certain Saint-Tropez qui l’a vue danser nue, celle de sa voisine, Colette, ou de sa copine, Sagan, celle de son regretté Alain. Et peut-être la sienne, qu’elle voit, que nous voyons, à horizon lointain.

Car d’appétit de vivre, Bardot n’a jamais manqué, le livre de Greggio en est la pleine expression. Un livre lumineux, traversé par l’énergie de l’auteur et celle de ce qui est devenue, au fil des mois, l’obscur objet de son désir. Simonetta écrit : « j’ai cherché BB comme on cherche une sœur perdue – je l’aie aimée pour sa beauté, sa force, son exil, son courage, sa connerie qui se fout de tout ».

Bardot n’a jamais répondu à Greggio mais lui a fait dire que « son livre l’amusait ». Greggio a très bien vécu ses non-réponses qui lui ont donné sa liberté d’écrivain. Et confirmé cette phrase de Roland Barthes : « j’écris là où tu n’es pas ». Pourtant Greggio caresse un rêve, un rêve et un seul : prendre Bardot dans ses bras.
Sans un mot.

Agnès Bouquet

« Mes nuits sans Bardot », Simonetta Greggio, Éditions Albin Michel.

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