Rendez-vous
avec Marianne Vic

Une rencontre dans le cadre du cycle des « Conversations d’Agnès », événement culturel depuis 2016 à l’Hôtel de Paris Saint-Tropez.

Saint-Tropez, le 8 juillet 2018 

Il y a des femmes qui écrivent des romans, d’autres qui vivent dedans. Marianne fait partie de la seconde catégorie, parfois elle en écrit aussi. Deux à ce jour, et pas des moindres : «Les Mutilés» en 2013 et «Rien de ce qui est humain n’est honteux». Avec «Les mutilés», livre qui lui vaut immédiatement d’être comparée à Cioran, elle s’attaque, par la métaphore physique, aux mutilations psychiques, moins visibles, dont nous sommes tous porteurs. Vivre dans un roman, qu’est-ce donc ?

C’est vivre dans un espace-temps différent. Un «contre-espace» où elle «arrière-pense», où elle se décale immédiatement de la scène pour en faire une autre scène, une scène intime. Vivre dans un roman c’est rester fidèle à son oncle, à lui les robes, à elle les livres. Inventer un autre langage. Vivre dans un roman, c’est choisir la solitude aussi, celle qui permet d’écrire en marchant, de cultiver les objets porteurs de mémoire qui font dire à cet auteur radical «la nostalgie est contenue dans l’inanimé». C’est de cette nostalgie que Marianne est revenue, de ce pays d’enfance ballotée, Marianne la bien-nommée, de Mariam/mère, devenue «mère après ses mères qui n’en ont pas été» et qui aujourd’hui a réussi un pari fou, un pari en forme de pied de nez : accoucher d’elle-même.

Et devenir, Écrivain. Elle parachève son chemin, celui qui l’entraîne dans les profondeurs de son histoire familiale et dont elle remonte, plus lumineuse que jamais. Traversée après avoir traversé le secret bien gardé d’une généalogie faite d’ombres et de lumière, de solitude et de courtisans. À l’image de son oncle et parrain, Yves Saint-Laurent, son magicien personnel. Celui qui lui dessina des robes couleur de temps, celui qui l’accompagna à l’autel le jour de son mariage, celui qui la fit danser avec Noureev s’éblouissant des entre-chats de sa jeune nièce.

Agnès Bouquet

«Rien de ce qui est humain n’est honteux», Marianne Vic, Éditions Fayard.

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