Rendez-vous
avec Éric Garandeau

Une rencontre dans le cadre du cycle des « Conversations d’Agnès », événement culturel depuis 2016 à l’Hôtel de Paris Saint-Tropez.

Saint-Tropez, le 24 juin 2022

Éric Garandeau, métier : Curieux.

Éric Garandeau est craquant. Impressionnant d’abord, par un parcours qui le mène de Sciences Po (il finit 4ème) à l’ENA (entré second à 21 ans sans classe préparatoire !) pour embrasser l’Inspection des finances (après avoir préalablement embrassé une ravissante portugaise qui faillit le détourner des grands corps de l’État) et enchainer tambour battant un job de conseiller culturel à l’Elysée aux côtés de Nicolas Sarkozy, un autre à la Présidence du CNC et enfin le petit dernier (pour le moment) qui est celui de Directeur des affaires publiques de TikTok France, le réseau chinois qui, avec son milliard d’utilisateurs, est en passe de devenir le réseau le plus puissant au monde.

N’a-t-il d’ailleurs en tant que «serviteur de la culture», conclut un partenariat entre le Festival de Cannes et le fameux réseau, initiant une compétition de films courts qui occasionnera l’envoi de 70 000 films en provenance de 44 pays, totalisant 5 milliards de vues !

En clair, Garandeau a la vista. Son côté potache, son côté fantasque, son insatiable curiosité, ses déplacements ultra rapides dans Paris à bicyclette au point de se casser la bobine dans un escalier mécanique, et de continuer comme si de rien n’était.
Ce qui le rend craquant c’est cette hyperactivité qui fait que quand il ne travaille pas, il nage, il grimpe des sommets, il joue du piano, il joue tout court dans des comédies burlesques écrites par son complice Eric Judor. Mais aussi, il partage son amour de la musique – cette passion première qui le fit étudier au Conservatoire national d’Angers, sa ville natale, puis en hypokhâgne classique section musique au lycée Fénelon – à travers une association «Les Dissonances» qu’il a créées avec le violoniste David Grimal en 2004 et qui se produit pour deux publics aux antipodes : celui de la Philharmonie, et celui des gens de la rue.

Bon cœur Garandeau ? Sans nul doute, sentimental à l’énergie vitale décuplée, timide qui se soigne, papa et mari, seul homme au milieu de trois nanas et une chatte Romy mais poisson ascendant poisson c’est-à-dire «chez lui partout et nulle part» comme le héros de son dernier livre, l’inspecteur Thaumas. Très peu là, beaucoup ailleurs, ayant trouvé avec l’écriture une nouvelle ligne de fuite, qu’il nourrit avec passion et talent nous entraînant avec «Tapis rouge» dans l’univers cannois et la folle volonté d’une fille de dictateur gironde d’emporter la Palme d’Or. Ou encore dans son dernier opus «Galerie des Glaces» un bijou de densité romanesque né pour être adapté sur grand écran qui nous tient en haleine sans une page de répit, révélant un auteur virtuose capable de passer du 17ème siècle au 21ème siècle avec la même acuité, de Venise à Lagos, mégapole tentaculaire du Nigeria, en traversant Versailles et sa célèbre galerie, nous distillant ici et là, un peu de magie noire, de la sagesse «Les miroirs sont l’éternel reflet de la fugacité universelle», beaucoup d’humour et sans doute beaucoup d’amour, celui qu’il attend de ses lecteurs. Car Sieur Garandeau, au fond, a 2
rêves : celui d’être Président de la République, comme lui a prédit un médium brésilien et celui d’être écrivain, ce que nous pouvons, après lecture de ces deux premiers livres, lui prédire.

Agnès Bouquet

« Galerie des glaces », Éric Garandeau, Éditions Albin Michel.

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